Coudre à la surjeteuse

Sommaire

recouvreuse Thinkstock

Complémentaire à la machine à coudre, la surjeteuse coupe, surfile et assemble en un seul passage. Elle réalise des finitions parfaites et des coutures solides, idéales sur des tissus extensibles, fragiles ou qui s’effilochent. Il n’y a que des bonnes raisons pour apprendre à coudre à la surjeteuse, vous gagnerez du temps sur bon nombre d’ouvrages !

1. Zoom sur les spécificités de la surjeteuse

Une surjeteuse est une machine dotée de deux aiguilles et d'un couteau, elle utilise généralement quatre bobines de fil. Sa spécialité est de piquer simultanément un point de surjet et un point droit, parfaitement alignés sur le bord coupé à mesure de la couture. Celle-ci s'effectue avec les mêmes gestes que sur une machine à coudre classique, à quelques différences près.

  • Le couteau : le couteau d'une surjeteuse coupe les bords du tissu à mesure qu'il avance. Selon les machines, il peut être rétractable ou désactivable, permettant la réalisation de coutures à plat ou circulaires, en plus des coutures de bords.
  • Les bobines : une surjeteuse utilise quatre bobines de fil, contre une seule pour une machine à coudre. Deux fils passent à l'intérieur de la surjeteuse, dans des boucleurs, nommés boucleur inférieur et boucleur supérieur. Les deux autres passent dans les aiguilles à l'extérieur. Certains modèles proposent également des points à 2 ou 3 fils. Il existe même des surjeteuses à 5 fils, bien que moins courantes, idéales pour surfiler des denims ou des textiles tissés épais d'ameublement.
  • L'enfilage : l'enfilage des quatre fils est souvent complexe. Chacun suit un parcours tortueux au sein de la surjeteuse et doit être enfilé à la main. Une erreur de sens suffit à faire casser le fil ou dévier le point.
  • Le différentiel : propre aux surjeteuses, cette mollette, réglée par défaut sur 1 ou N, permet de désolidariser les deux griffes d'entraînement pour accélérer ou ralentir l'une d'elles. Le tissu est alors soit étiré, soit resserré en passant sous les aiguilles et permet de gérer l'élasticité d'un tissu pour l'empêcher d'onduler ou, au contraire, de créer des bords volantés.
  • La chaînette : à la couture, les quatre fils forment une chaînette, même sans tissu à coudre. Celle-ci doit toujours dépasser : quelques centimètres avant de commencer la couture, quelques centimètres après l'avoir terminée, hors du tissu. Il n'existe pas de point avant/arrière pour arrêter la couture sur une surjeteuse. La chaînette n'est donc jamais coupée à ras.
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2. Déterminez le matériel nécessaire pour coudre à la surjeteuse

Avant de commencer, prenez le temps de préparer votre équipement pour une couture facile !

Le tissu

La quasi-totalité des tissus peuvent être cousus à la surjeteuse. Elle est particulièrement indiquée pour l’assemblage des tissus élastiques ou fragiles et pour le surjet des tissus instables. Les réglages, en revanche, doivent être adaptés et modifiés en fonction du tissu à piquer et de son élasticité.

  • Maille stretch : jersey, interlock, polaire, tricot…
  • Tissus légers : dentelle, voilages, soie…
  • Tissus lourds : denim, lainages, ameublement, velours…

Les accessoires

La surjeteuse demande de s'équiper d'accessoires spécifiques.

  • Choisissez des bobines de fil conçues pour la surjeteuse, en forme de cônes. À défaut, rien ne vous empêche d'utiliser une bobine de fil polyester classique, le seul risque étant de la voir se vider rapidement, la surjeteuse consommant plus de fil qu'une machine à coudre. Or, lorsque la bobine est vide, il est souvent inévitable de recommencer l'enfilage… Préférez des fils de même marque et qualité pour les quatre bobines.
  • Équipez-vous de petits ciseaux coupe-fils, plus adaptés que de grands ciseaux à tissu pour couper la chaînette.
  • Choisissez les aiguilles en fonction du tissu à coudre, comme pour une machine à coudre, et vérifiez leur parfait état avant de commencer la couture. Changez-les dès qu'elles sont abîmées. Dans le cas d'une maille fine et fragile, utilisez toujours des aiguilles à coudre neuves de type ballpoint, à bout rond, pour ne pas faire sauter les mailles.
  • Prévoyez une grande pince à épiler ! En principe fournie avec la surjeteuse, elle est généralement indispensable pour l'enfilage.

Bon à savoir : évitez les épingles. Pas question de coudre sur les épingles comme avec une machine à coudre : elles doivent être retirées avant de passer à la surjeteuse, sous peine d’abîmer le couteau. Dans le cas d’une couture courte, vous apprendrez rapidement à surveiller le point et à utiliser vos mains pour ajuster les bords. Avec une couture longue, n’oubliez pas de retirer les épingles à l’approche du couteau.

3. Choisissez le point pour coudre à la surjeteuse

Le nombre de points possibles sur une surjeteuse dépend de son modèle et de sa complexité. Le surjet 4 fils est toutefois le plus indispensable et le plus utilisé, puisqu’il est impossible à réaliser sur une machine à coudre.

  • Le point de surjet 4 fils coupe, surfile et coud en même temps, ajoutant deux coutures point droit au bord du surjet. Il permet de gagner du temps, d’obtenir des finitions propres mais aussi de piquer des tissus extensibles, comme le jersey ou le tricot.
  • Le point de surjet 2 ou 3 fils se contente de couper et de surfiler, avec un seul ou sans point droit. Il permet d’obtenir une finition parfaite sur les bords des tissus, pour leur éviter de s’effilocher.
  • Le roulotté 2 ou 3 fils, comme un ourlet roulotté sur une machine à coudre, enroule le bord du tissu pour former un ourlet très étroit, avant de le surfiler avec un zigzag.
  • Le point flatlock est un surjet effectué à plat, pour assembler deux morceaux de tissu bord à bord ou dans un but simplement décoratif. Il n’est possible que sur une surjeteuse dont le couteau peut être désactivé ou repoussé.

4. Enfilez une surjeteuse

Placez les bobines sur les supports prévus à cet effet, tirez un fil de la première, ouvrez le capot et suivez les instructions propres à votre surjeteuse. Il n’existe pas une façon d’enfiler les fils sur une surjeteuse, mais une façon propre à chaque machine. Certaines indiquent la marche à suivre à l’aide de schémas, d’autres de pastilles colorées directement sur la machine… Prenez le temps de lire le mode d’emploi de la vôtre pour l’apprivoiser, puis entraînez-vous !

  • Dans tous les cas, commencez par la bobine la plus à droite, correspondant au boucleur inférieur, puis avancez vers la gauche, correspondant aux aiguilles. Prenez le temps de revérifier chaque passage de fil si vous n’êtes pas habitué.
  • En cas de difficulté, effectuez une recherche sur Internet en spécifiant le modèle de votre machine. De nombreux sites proposent des vidéos détaillées, parfois plus faciles à suivre qu’un schéma.
  • Une pince à épiler de grande taille est souvent indispensable pour guider le fil dans les endroits inaccessibles. Elle est souvent fournie avec la surjeteuse mais peut facilement se racheter en mercerie si besoin.

5. Faites un essai de couture à la surjeteuse

Une fois la machine enfilée, préparez une chute de tissu pour commencer une couture.

Astuce : surveillez le point à mesure que la couture avance. Il peut arriver que les fils sortent de leurs logements d’enfilage, auquel cas le point de surjet présente des défauts, si le fil ne casse pas. Dans ce cas, éloignez le tissu, coupez la chaînette et reprenez la couture plus haut.

  • Tirez les quatre fils sur le côté gauche, vers l’arrière, avec votre main gauche.
  • Fermez le capot et placez le tissu sous le pied de biche, le bord du tissu aligné au bord de la surjeteuse, contre le couteau.
  • Baissez le pied de biche.
  • En maintenant les fils avec la main gauche vers l’arrière, tournez le volant de la main droite, pour trois ou quatre tours. Vérifiez que les fils restent correctement placés dans les aiguilles et les boucleurs.
  • Appuyez sur la pédale et avancez de quelques centimètres, puis vérifiez à nouveau.
  • Maintenez le bord du tissu bien aligné au bord de la surjeteuse, sans quoi le couteau couperait trop loin.
  • Continuez à coudre en appuyant sur la pédale.
  • Arrivé au bout du tissu, continuez à piquer dans le vide pour obtenir environ 10 cm de chaînette.
  • Coupez au milieu de ces 10 cm : 5 cm servent d’arrêt à la couture réalisée, les 5 cm restants forment le début de la prochaine couture.

Bon à savoir : ne coupez jamais la chaînette au ras du tissu, la couture risquerait de se défaire. Piquez à vide sur quelques centimètres pour la former avant de commencer la couture, et continuez à vide sur quelques centimètres après l’avoir terminée, puis coupez la chaînette. Les excédents de fil doivent être pris dans une autre couture ou glissés sous les points de surjet à l’aide d’une aiguille.

6. Réglez la surjeteuse

En fonction du résultat, ajustez les réglages de couture, en particulier si le point n’est pas net ou que le tissu ondule.

  • La pression du pied de biche : réduisez la pression sur les tissus qui glissent moins bien, comme les éponges, enduits ou côtelés. Faites de même si le tissu se tord, se déforme ou gondole.
  • Le différentiel : si vos premiers essais font onduler le tissu, augmentez la valeur du différentiel (< 1 ou N) pour resserrer le tissu. Si, à l’inverse, de légères fronces apparaissent, baissez la valeur (> 1 ou N).
  • La tension du fil : elle dépend également de l’élasticité du tissu. Si le point est trop lâche, augmentez la tension du fil. Si un seul fil du point vous semble lâche, tâchez de l’identifier pour régler la tension de la bonne bobine. Dans le cas contraire, testez-les l’une après l’autre ! Si le fil casse à la couture, baissez la tension. En règle générale, les tensions des deux bobines de droite sont les mêmes, celles des deux bobines de gauche également.

Conseil : faites toujours un essai avant ! Si une fois les réglages faits, coudre à la surjeteuse est aussi facile que rapide, ne pas les faire avant de se lancer peut s’avérer franchement risqué. Une surjeteuse étant équipée d’un couteau qui coupe le tissu, une erreur peut être irréparable. Utilisez toujours une chute de tissu avant de commencer pour vérifier le point choisi, la tension du fil ou la valeur du différentiel.

7. Changez les fils d’une surjeteuse

Il existe une méthode simple pour changer les fils d’une surjeteuse sans recommencer l’enfilage depuis le départ, du moins pour les bobines de droite, celles dont l’enfilage est le plus complexe. La même technique peut être utilisée pour les deux fils d’aiguille, mais avec un succès limité : la plupart du temps, les fils cassent et doivent être réenfilés, heureusement sans grande difficulté.

  • Coupez le fil d’une première bobine au plus près de celle-ci : le reste du fil demeure ainsi enfilé dans la surjeteuse.
  • Retirez la bobine la plus à droite et remplacez-la par la nouvelle.
  • Pincez les deux fils (l’ancien, encore enfilé dans la machine, et le nouveau de la nouvelle bobine) et nouez-les avec un nœud bien serré.
  • Répétez la même manœuvre pour la deuxième bobine de droite.
  • Réglez la tension des fils au minimum et ouvrez le capot, pour surveiller le passage des fils.
  • Appuyez sur la pédale comme pour coudre, en tirant d’une main la chaînette vers l’arrière : la nouvelle couleur de fil remplace peu à peu la précédente dans la chaînette.
  • Coupez ensuite les fils au-dessus des aiguilles. Procédez de même si vous souhaitez tester la méthode du nœud ou refaites directement l’enfilage des deux aiguilles avec les nouvelles bobines.
  • Appuyez à nouveau sur la pédale, en tirant la chaînette et les deux nouveaux fils jusqu’à ce qu’une nouvelle chaînette se forme.

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